Annotation sur le châssis à l'encre de la main d'Alfred de Vigny |
Huile sur toile |
55,5 x 42 cm |
Fin du XVIIIe siècle |
Collection d'Alfred de Vigny , Manoir du Maine-Giraud |
Marie Jeanne Amélie de Vigny (1757-1837), mère d'Alfred de VIGNY
Nous remercions Madame Sidonie Lemeux-Fraitot, conservatrice du musée de Montargis et ancienne secrétaire générale de l’Association des Amis d’Alfred de Vigny, de nous avoir aimablement aidé à rédiger cette analyse.
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Louis Marie Honorat de Baraudin naît à Rochefort en 1760. Issu d'une famille de petite noblesse d'origine piémontaise, de la région d'Yvrée, il est le fils de Didier de Baraudin (1724-1797) officier de la marine française et de Jeanne Pernelle de Nogerie (1731-1797). Frère de Jeanne-Marie-Amélie et de Sophie, il entre à son tour au service de la Marine en 1775.
Alfred de Vigny (1797-1863), neveu de Louis de Baraudin (1760-1795) nous parle de son oncle dans son « Journal d’un Poète » dont voici un extrait :
« Le père de ma mère [M. Didier de Baraudin], vieux et vénérable chef d'escadre du temps de cette grande marine de Louis XVI, qui rivalisait avec celle d'Angleterre et partageait l'Océan avec elle, avait été conduit dans les prisons de Loches. Sa fille et mon père, que ses blessures rendaient infirme, l'avaient suivi dans sa captivité. C'était un homme grave, savant et spirituel. C'est le ton de l'homme de cour, uni à l'énergie de l'homme de mer. Ce vieux capitaine de dix vaisseaux que les combats, sous M. d'Orvilliers, avaient respecté, fut tué en un jour dans sa prison par une lettre de son fils. Cette lettre était datée de Quiberon. Ce frère de ma mère, cet oncle inconnu de moi, dont j'ai un portrait peint par Girodet, était lieutenant de vaisseau et blessé au siège d'Auray en débarquant avec M. de Sombreuil, demandait à son père sa bénédiction, devant être fusillé le lendemain. Son adieu tua son père un jour après que la balle l'eût tué. »
Une inscription à l'encre de la main d'Alfred de Vigny est visible au dos du châssis et nous permet de lire : " Louis de Baraudin fut blessé à Auray et fusillé en 1795 le 4 août à Quiberon - Lieutenant de vaisseau de la marine royale dans le régiment d'Hector, blessé à Auray à la jambe, on le porte sur le terrain où il fut fusillé."
Organisé afin de prêter main-forte à la Chouannerie et à l'armée catholique et royale, l’expédition de Quiberon au départ de l’Angleterre fut organisée dans l’espoir de soulever tout l'Ouest de la France afin de mettre fin à la Révolution française et de permettre le retour de la monarchie.
La première division du corps expéditionnaire était formée de cinq régiments émigrés. La plupart des effectifs étaient constitués d'insurgés royalistes rescapés du siège de Toulon et surtout de prisonniers de guerre républicains enrôlés. Le régiment d'Hector ou Marine Royale comportait sept cent hommes menés par le comte de Soulanges, composé d’officiers de marine, d'officiers toulonnais et de prisonniers républicains.
Le débarquement des émigrés à Quiberon commença le 23 juin 1795 et fut définitivement repoussé le 21 juillet 1795.
Pendant et après l'expédition un grand nombre de volontaires moururent fusillés. Conduits à Auray avec à leur tête, le comte de Soulanges ; ils furent condamnés à morts par les commissions militaires réunies à partir du 27 juillet, et exécutés à partir du 31 à Vannes, Auray et Quiberon..
Cette opération militaire de contre-révolution eut un grand retentissement et porta un coup funeste au parti royaliste.
Le manoir du Maine-Giraud, propriété d’Alfred de Vigny entre 1827 et 1863, date du XVIe siècle. Il y vécut de 1850 à 1853.
Son grand-père, le marquis Didier de Baraudin, avait acheté le Maine-Giraud en 1768. Alfred de Vigny s'y rendis la première fois en 1823 et écrivit par la suite : « Je fus épris de son aspect mélancolique et grave et en même temps je me sentis le cœur serré à la vue de ses ruines. » Dans ses Mémoires inédits, il rapporte également que « le souffle de la Terreur avait traversé cette demeure. »
Il refuse de vendre la propriété, la restaure peu à peu, remet les terres en valeur et reconstruit l'une des tours. Il aimait cette tourelle, lieu propice à l’écriture et la méditation.
En 1863, il lègue le Maine-Giraud à Louise Lachaud, fille de madame Ancelot, qui tenait un salon littéraire parisien. Il passe ensuite aux Philippon, puis est acheté en 1938 par la famille Durand, qui a replanté et développé le vignoble.
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