Huile sur toile |
Hauteur : 60,5 cm - Largeur : 50 cm |
Vers 1789 |
Ré-entoilée, restaurations |
Provenance : |
- Collection Alain Bancel |
- Château du Temple (Indre et Loire) |
Expositions : |
Paris, Mairie du cinquième arrondissement, présenté par la Délégation à l'Action Artistique de la ville de Paris ; rédigé par Jacques Charles, "LOUIS XVII", automne 1987, n° 146 |
Littérature : |
- Louis Tuetey, éd.,Procès-verbaux de la Commission Temporaire des Arts, Paris, 1912, I, pp. 225-226 et n. 3 |
- Joseph Baillio, "Marie-Antoinette et ses Enfants par Madame Vigée-Lebrun", L'Oeil n° 310, Mai 1981 |
- Christine Kayser, Xavier Salmon et Laurent Hugues, "L'enfant chéri au siècle des lumières", Musée-Promenade Marly-Le-Roy/Louveciennes, L'inventaire, 2003 |
Portrait de Louis XVII
Nous remercions Monsieur Joseph Baillio, grand spécialiste d’Elisabeth VIGEE-LEBRUN, historien d’art et commissaire de l’exposition "Elisabeth Louise Vigée Lebrun" (Grand-Palais, du 23 septembre 2015 au 11 janvier 2016), de nous avoir transmis de précieuses informations sur ce tableau, qu’il inclura dans son catalogue raisonné consacré à l’oeuvre de l'artiste, dans la rubrique "Oeuvres en rapport"
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Nous présentons ici l'un des plus célèbres portraits de Louis XVII.
Elle est l'unique représentation connue aujourd'hui de l'oeuvre d'Elisabeth Vigée-Lebrun (1755-1842) figurant le Futur Louis XVII avec son chien Moufflet qui a disparu pendant la révolution.
En effet, exposé au Salon de 1789, puis retrouvée au Château de Saint Cloud dans la chambre de Madame Elisabeth, l'oeuvre de Vigée-Lebrun a été brûlée en 1794 à la demande et en présence des commissaires du Comité de Sûreté Générale.
Par chance la nôtre a échappé aux spasmes iconoclastes qui ont fait disparaître toute image d'un ou de plusieurs membres de la "famille Capet" sous la terreur.
"Un contemporain trace ainsi le portrait du nouveau Dauphin :
Madeleine Louise de S ; "L'enfant LOUIS XVII et son mystère" ; Beauchesne et ses fils Paris, rue de Rennes, 117 ; 1957Il avait un peu plus de quatre ans. Sa taille était fine, svelte cambrée et sa démarche pleine de grâce. Son front, large et découvert, ses sourcils arqués, ses grands yeux bleux, étaient frangés de longs cils châtains, son teint, d'une eblouissante blancheur, se nuançait du plus frais incarnat. Ses cheveux, d'un blond cendré, bouclaient naturellement et descendaient sur ses épaules. On retrouvait sur sa physionomie noble et douce quelque chose de la dignité de Marie-Antoinette et de la bonté de Louis XVI. Tous ses mouvements étaient pleins de grâce et de vivacité. Il était tendre pour ceux qui l'aimaient, attentif pour ceux qui lui parlaient, poli pour tout le monde. Ces excellentes qualités étaient toutefois tempérées par une vivacité et une impatience singulières. Il souffrait avec peine le joug des femmes commises à son service et combattait de toutes les forces de son âge la règle établie pour son lever et son coucher. Son indocilité cessait à la vue de sa mère."
"Le Dauphin Louis Joseph, s'éteignit à Meudon le jeudi 4 juin 1789, à l'ouverture des Etats Généraux, premier acte de la tempête qui allait balayer le trône des Rois de France.
Tout le pays regretta cet enfant ayant en germe les qualités les plus rares du coeur et de l'esprit.
La mort de son frère aîné reporta sur le Duc de Normandie - jusqu'alors ignoré du public - les regards et les espérances de la France. Un journal de l'époque rapporte que ce même jour, 4 juin, M. de la Villedeuil, secrétaire d'état au département de la maison du Roi, d'après l'ordre qu'il en avait reçu de Sa Majesté, annonce, en présence de la Duchesse de Polignac, gouvernante des enfants de France, à Monseigneur le Duc de Normandie, que le Roi venait de le proclamer Dauphin.
Louis-Charles avait 4 ans. Sa nouvelle dignité ne parut pas l'impressionner beaucoup. Il fut plus intéressé par le cadeau immédiat d'un joli chien ayant appartenu à son frère et répondant au nom de Moufflet. Jusqu'alors l'enfant avait eu une terreur maladive de la gent canine : le moindre aboiement le faisait frissonner ; la gentillesse et la douceur de Moufflet firent sa conquête."
Madeleine Louise de S ; "L'enfant LOUIS XVII et son mystère" ; Beauchesne et ses fils Paris, rue de Rennes, 117 ; 1957"[...], lorsque les enfants des princes commettent quelques fautes, ce n'est pas eux qu'on punit directement. Le dauphin était à la promenade depuis un long espace de temps, et c'était l'heure de l'étude. Son précepteur lui dit de rentrer. Au lieu d'obéir, il demanda l'heure à un page. S'étant saisi de la montre, il la jeta aussitôt dans un bassin rempli d'eau ; puis il se mit à rire, et de son espièglerie, et de l'embarras du pauvre page, à qui il répéta plusieurs fois : Oh ! Je t'assure mon cher Darmincourt, qu'elle boit un bon coup à présent.
De retour au château, le faible mentor, au lieu de punir son élève mit sottement Moufflet en pénitence à sa place. C'était un joli petit chien qui avait appartenu au feu dauphin, son frère. Moufflet, fort étonné du traitement se mit à grogner, et gratta contre la porte d'une manière importune. Il fut question de fouetter Moufflet. Quoi donc ! observa le jeune prince dans la rectitude de son coeur, ce n'est pas Moufflet qui a fait le mal ; ce n'est pas Moufflet non plus qu'il faut punir.
Cela dit, le dauphin pria grâce qu'on délivrât son chien, et il fut sur-le-champ. S'étant pour lors mis aux arrêts à la place de Moufflet, il y resta deux grandes heurs de son plein gré. Voulant ensuite réparer le dommage qu'il avait fait en jetant la montre dans l'eau, il alla donner au jeune page la sienne, qui était plus belle et plus riche ; de sorte que celui-ci en eut deux, car il avait déjà fait repêcher celle qu'il avait perdue."
M. Regnault de Warin ; "L'Ange des Prisons (Louis XVII) ; A Paris ; chez L'Huillier, Libraire-Editeur, rue Serpente, N.° 16. ; Delaunay, Libraire, au Palais-Royal. ; Pillet, Imprimeur-Libraire, rue Christine, N°6. ; 1817Au grand désespoir du garçonnet, qui en conçut bien du chagrin et de l’inquiétude, Moufflet disparut dans le tumulte de la prise des Tuileries le 10 août 1792.
Après la mort de son père, en 1793, et suivant l’ordre dynastique, le Duc de Normandie est reconnu comme titulaire de la couronne de France sous le nom de Louis XVII par les puissances coalisées et par son oncle, futur Louis XVIII.
Il meurt à la prison du Temple en 1795, à l’âge de dix ans, sans avoir régné dans les faits.
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