Pierre noire, sanguine, rehauts de blanc sur papier |
Signé en bas à gauche « (Bernard) fe Dabos » |
54 x 37 cm |
Circa 1790 |
Jeanne DABOS, née BERNARD (1765-1841)
Ce ravissant portrait aux trois crayons est une œuvre rare et inédite de Jeanne Dabos, née Bernard, élève d’Adélaïde Labille-Guiard (1749-1803) et fille de Jean-Joseph Bernard (1740-1809), Maître écrivain du Premier Empire à qui l’on doit de nombreux portraits à la plume.
Destinataire :
* Champs requis
OU Annuler
Jeanne Dabos est née à Lunéville en 1765. Elle expose pour la première fois place Dauphine en 1780 à ce qu’on appellera quelques années plus tard l’« Exposition de la jeunesse ». Elle se marie avec le peintre Laurent Dabos en 1788, et expose l’année suivante des miniatures au salon de Toulouse, ville natale de son mari. Elle fait partie des vingt femmes sur les cent soixante-douze artistes exposant au Salon de 1791 aux côtés de son maître, Adélaïde Labille-Guiard et sa camarade d’atelier Marie-Gabrielle Capet (1761-1818). Elle expose par la suite régulièrement des scènes de genre aux Salons de 1802 à 1835.
Connue notamment pour son portrait de Marie-Antoinette gravé par Phélippeaux, ou encore pour son tableau de Marat votant la mort de Louis XVI conservé au Musée Lambinet de Versailles (Inv. 775), les œuvres de Jeanne Dabos sont rares et on ne connaît pas d’autres œuvres de sa main aux trois crayons. L’on sait cependant grâce à un article paru dans le Mercure de France en 1787 qu’elle fut admirée et prise en considération dès le début de sa carrière. L’auteur de l’article écrit à son sujet : « Mlle Bernard, dont je vous ai parlé l’année dernière avec éloges en mérite encore cette année. Deux Dessins pleins d’esprit et de finesse, un Portrait au pastel rempli de grâces et d’expression la doivent faire regarder, par celles qui courent la même carrière, comme une rivale redoutable » (Mercure de France, 4 juillet 1787, p. 186).
Ce charmant portrait est un précieux témoignage du talent de Jeanne Dabos. L’influence de Labille-Guiard est perceptible dans le choix de la pose et de l’attitude du modèle. Loin d’une représentation idéalisée, ce portrait, par sa finesse et sa précision, cherche à retranscrire avec vérité et délicatesse la physionomie du modèle.
Bien que les portraits de Marie-Gabrielle Capet que nous connaissons soient assez différents les uns des autres, sont reconnaissables sur la plupart, comme sur le nôtre, son nez retroussé très particulier, ses joues rondes, ses cheveux frisés, sa bouche en cœur, son petit menton avancé et l’extrémité extérieure de ses yeux tombant au-dessus desquels les paupières paraissent enflées.
Cette dernière arrive à Paris en 1781 où elle devient l’élève d’Adélaïde Labille-Guiard aux côtés de Jeanne Dabos mais aussi Victoire Davril ou encore Marie-Marguerite Carraux de Rosemond. Marie-Gabrielle Capet semble avoir servi de modèle à sa camarade d’étude qui nous propose une représentation sincère et inédite de sa congénère.
Elle porte une robe à ceinture avec un col en mousseline et un bonnet blanc à rubans, mode vestimentaire qu’elle affectionne particulièrement entre 1785 et 1790 visible sur les portraits de Vincent (Ill. 1 et 2) et de Labille Guiard (Ill. 3).
Ce portrait illustre non seulement le talent de Jeanne Dabos parmi les portraitistes de son époque mais aussi la grâce et la forte personnalité de Marie-Gabrielle Capet. Il constitue un rare témoignage de l’amitié et des influences artistiques entre les élèves de Labille-Guiard dont beaucoup d'œuvres restent à découvrir .
Ill. 1
François-André Vincent
Portrait de Marie-Gabrielle Capet
46,4 x 43.8 cm
1790
Art Institute of Chicago
Ill. 2
François-André Vincent
Portrait de Marie-Gabrielle Capet
47.5 x 37.8 cm
1790
Musée Carnavalet
Histoire de Paris (INV D.8128)
Ill. 3
Adélaïde Labille-Guiard
Autoportrait avec deux élèves (Marie-Gabrielle Capet à droite)
Huile sur toile
210 x 150 cm
1785
Metropolitan Museum de New-York
Aucun avis n'a été publié pour le moment.