Signé "BOUHOT" en bas à gauche |
Huile sur papier marouflé sur toile |
Hauteur : 21 cm ; Largeur : 33 cm |
Dans son cadre d'époque Empire (34 cm x 46 cm) |
Vers 1815 |
Etienne BOUHOT (1780 - 1862)
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Troisième enfant d'une famille nombreuse protégée par la comtesse Victorine de Chastenay, Étienne Bouhot nait d'un père gendarme le 8 août 1780 à Bard-lès-Époisses.
Il fréquente l’atelier du peintre Mercy à Dijon. À vingt ans, il va à Paris où il entre dans l’atelier du peintre décorateur Charles Moench. Il travaille alors à la décoration des appartements de Bonaparte aux Tuileries.
En 1804, il rejoint l’atelier du célèbre Pierre Prévost, inventeur des panoramas, ce qui lui fait acquérir une grande maîtrise de la perspective.
Il expose au Salon dès 1808 et obtient des médailles en 1810, 1817 et 1827.
Bouhot est un peintre très en vogue en ce milieu du XIXe siècle. Parmi sa clientèle, on peut compter le duc d’Orléans, le Duc et la Duchesse de Berry, Louis XVIII, le Prince Woronzow ou encore le ministère de l'Intérieur.
Il collabore avec d'autres peintres pour les figures de ses tableaux : on cite particulièrement Xavier Leprince et Léopold Boilly, dont nous connaissons le portrait de notre artiste. Il aura comme élèves son fils Philibert Bouhot, Alexandre Decamps, E. Nesle et P. Travaux.
A la suite du décès de ses deux fils, la vie à Paris lui devient insupportable. Il quitte alors la capitale en octobre 1834 et devient directeur de la toute nouvelle école gratuite de dessin et de sculpture de Semur-en-Auxois. Pour les besoins de son enseignement, il rassemble un certain nombre d’œuvres. Grâce à la générosité de ses amis, cette collection prend vite de l’importance : elle permettra la fondation du musée de Semur.
Pendant 20 ans, Étienne Bouhot participe à la restauration des peintures murales de la Collégiale de la ville ; il décède des suites d’une chute sur ce chantier le 17 juillet 1862, aux côtés de Viollet-le-Duc.
Etienne Bouhot s'est fait une spécialité des scènes de rues parisiennes, des vues de jardins, de faubourgs animés, toujours parsemés de personnages vaquant à leurs occupations. Ces oeuvres délivrent aujourd'hui un précieux témoignage de la vie de la cité sous l'Empire et la Restauration. Le fini impeccable et l'aspect précieux de ses peintures, en accord avec le goût des amateurs de l'époque, le jeu de la lumière et des ombres qui lui est propre, lui valent les éloges de la critique lors des Salons auxquels il participe. Déjà très recherchées de son vivant, ses oeuvres sont aujourd'hui visibles dans plusieurs musées dont le musée Carnavalet et le Louvre.
Le musée Saint-Loup de Troyes conserve de lui un intéressant dessin au lavis et à la plume d'encre de chine sur papier : Vue de la Salle de Spectacle de Troyes, de la Porte et de L'Eglise de la Madeleine, réalisé vers 1822 (Illustration .2). Il a été acheté en 1991 par la Société des Amis du Musée de Troyes à la Galerie Daniel Greiner, 14 Galerie Véro-Dodat, dans le premier arrondissement de Paris, pour une somme de 12 000 Francs. On peut lire sur une note de présentation que l'achat de ce dessin a été motivé par l'importance du fond d'iconographies locales des musées de Troyes, dont une partie est présentée de manière régulière au musée historique de Troyes et de la Champagne. Il est précisé que c'est l'intérêt documentaire qui a retenu l'attention en premier lieu.
La palette fortement contrastée, les empâtements qui retiennent la lumière, la présence de personnages et d'animaux, l'ambiance réaliste, la composition esthétiquement étudiée avec une perspective géométrique et atmosphérique provoquant un effet de profondeur réussi, font de notre tableau une oeuvre typique d'Etienne Bouhot. Elle est cependant particulièrement remarquable, de par la représentation de la neige, rare et appréciée chez notre peintre, dont il puisera l'inspiration chez Jules-César Van-Loo (Paris, 1743 – 1821) ou encore chez Louis-Claude Malbranche (Caen, 1790-1838).
Il affectionnera “l'effet de neige“ entre 1812 et 1817, et de cette période, naîtront trois autres scènes enneigées qui remporteront un franc succès :
L'oeuvre intitulée "Le Courrier de la Malle, Effet de Neige" a été présenté au Salon de 1812. La célèbre galerie parisienne Perrin la proposera à la vente en 1986.
"Courrier de la Malle",Etienne Bouhot, huile sur toile présenté au salon de 1812"La Diligence, Effet de Neige", a été acquise par la Duchesse de Berry au Salon de 1814, et gravée par Jean Pierre Marie Jazet (1788-1871). La composition est la même que celle de notre oeuvre à quelques détails près.
"La Vue du Jardin Beaumarchais, Effet de Neige", a été exposée au Salon de 1817 et achetée par le Duc d'Orléans. Selon Jacques Foucart, conservateur des Musées Nationaux, du service d'étude et de la documentation du département des Peintures du Musée du Louvre, ce tableau marquerait le sommet de la carrière de l'artiste. Il lui valu une médaille d'or.
Nous connaissons également l'existence de deux autres oeuvres, non datées et non localisées. L'une s'intitule également "Diligence, Effet de Neige", et l'autre "Vue Prise sur le Canal, Effet de Neige". Toutes deux ont été vendues lors de la vente aux enchères publiques des tableaux, dessins, gravures, livres, garnissant l'atelier de feu M. E. BOUHOT, artiste-peintre, directeur du Musée et de l'Ecole de Semur, qui a eu lieu le mardi 14 octobre 1869 dans l'une des salles de l'ancien tribunal de Semur. Il est fort probable qu'une de ces deux oeuvres corresponde à celle que nous présentons.
La vue de notre tableau est prise de l'intérieur de la ville vers l'extérieur. La tour Saint-Dominique se trouvait à l'actuel emplacement de la place du Vouldy, au sud de Troyes. La ville que nous apercevons en arrière plan à gauche de la tour devrait être Saint-Julien-les-Villas, anciennement Sancey, accessible par la voie bordée d'arbres que vient de quitter la diligence, appelée actuellement la chaussée du Vouldy. Le monument surmonté d'un dôme serait très probablement le colombier de la maison seigneuriale de Sancey, rattachée à l'époque au Château des Cours, ensemble qui a aujourd'hui disparu.
Cette oeuvre fait figure de témoignage qui nous transporte dans la vie troyenne du début du XIXème siècle et nous montre avec précision ce qu'était le paysage aux portes de Troyes, tant transformé en deux siècles.
Le musée de Semur-en-Auxois conserve deux dessins d'Etienne Bouhot représentant la tour Saint-Dominique, pris du même point de vue mais d'une composition différente.
"La tour Saint Dominique" au lavis par Etienne Bouhot, Musée de Saumur en AuxoisLe musée de Troyes, possède aussi un dessin sur ce même sujet mais exécuté par Anne-François Aranud (1787 – 1845). On connaît également une gravure de Fichot et un manuscrit représentant cette tour vue d'un autre angle lors de sa démolition (relevés archéologiques du début du XIXème siècle). Tous deux sont conservés à la médiathèque de Troyes.
Notre tableau demeure la représentation la plus aboutie de la tour Saint-Dominique, des arches du Ru Cordé et de son environnement proche, connue à ce jour.
Au XIIème siècle, furent construites des arches sur l'entrée des eaux dans la ville. Deux de ces arches de pierre, les arches du Ru Cordé, étaient fermées par des grilles et supportaient la courtine du rempart. Un petit corps de garde faisait saillie au centre de la courtine. En 1566, on venait de faire à neuf deux grosses portes de bois pour fermer ces arches ou permettre d'"entrer les basteaulx en ladite ville et sortyr d icelle toutes et quantesfoys que besoing sera".
La défense de ces arches était assurée par deux tours qui les encadraient : la tour Saint-Thomas et la tour Saint-Dominique, appelée aussi Tour du Ru Cordé, avant le XVIème siècle. C'est cette dernière qui nous intéresse ici tout particulièrement.
Nous n'avons pas de renseignements sur la tour Saint-Thomas dont le plan était semi-circulaire. La tour Saint Dominique, quant à elle, était une grosse tour ronde et voûtée qui ne semble avoir reçu une toiture qu'en 1438.
Tout contre cette tour et le long du rempart, dans la direction de la Planche-Clément, fut édifiée la grande plate-forme des Jacobins , de 1529 à 1532 ; trois maître-maçons vinrent alors y travailler : Nicolas DADONOT, Nicolas JOSSELIN et Martin de VAULX. Plus tard, la fortification de cette plate-forme fut assurée par Jean MAUVOISIN, du 22 juin à la fin du mois d'août 1544. On pénétrait dans les casemates de la plate-forme garnie de nombreuses canonnières par une entrée pratiquée au pied de la tour Saint-Dominique. Celle-ci subit d'importantes modifications.
Dés 1650, les terres de la plate-forme furent en partie enlevées. En 1614, la courtine de celle-ci était tombée dans le fossé.
Au XVIIème siècle, cette tour était gardée "pour servir de prison aux soldats lorsqu'il y en a en garnison en centre ville". Et en 1676, Edmé BOURGEOIS, maître-maçon devait y faire des réparations en raison des dégâts causés par les prisonniers. La tour Saint-Dominique garda cette destination jusqu'en 1689 au moins. Au XVIIIème siècle, elle servait d'entrepôt de matériaux.
La tour Saint-Thomas disparut avant la tour Saint-Dominique. Au début du XIXème siècle, on rasa la tour Saint-Dominique et les arches furent démolies pour permettre la construction du grand bassin du canal.
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