Signée et datée "82" en bas à droite |
Huile sur toile |
Hauteur : 43 cm ; Largeur 37 cm |
1882 |
Provenance : Collection privée |
Dans son beau cadre en bois et stuc mouluré, sculpté et doré |
Jules Bastien-Lepage (1848-1884)
Notre oeuvre est une vision crépusculaire du village natal de Jules Bastien-Lepage. Devant le clair de lune, le clocher typiquement lorrain de l’église se détache, alors que dans la pénombre aux premier et deuxième plans, se devine la silhouette d'un couple de paysans achevant leur journée de labeur.
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Jules Bastien, dit Jules Bastien-Lepage, né le 1er novembre 1848 à Damvillers et mort le 10 décembre 1884 à Paris, est un peintre naturaliste français.
Originaire de Lorraine, Jules Bastien-Lepage, issu d’un milieu modeste, ne se forme que tardivement à la peinture.
Celui qu'Emile Zola considérait en 1879 comme le "petit-fils de Courbet et de Millet" et comme l'un des ténors du naturalisme, reçu une formation académique dans l'atelier d'Alexandre Cabanel. Après deux échecs, en 1875 et 1876, au concours pour le prix de Rome, Bastien-Lepage a su construire une oeuvre originale. Il a su regarder du côté des réalistes, ses aînés, mais aussi du côté de ses contemporains, défenseurs de la nouvelle peinture, à laquelle il emprunte les tons clairs et la touche vibrante.
Bastien-Lepage consacre principalement sa courte existence à deux types de sujets : les portraits d'abord, qui lui valurent une clientèle fidèle parmi les artistes -de Sarah Bernhardt à Coquelin aîné- et au sein de la bourgeoisie républicaine -de Simon Hayem à Léon Gambetta-, et les sujets paysans ensuite, qu'il brosse souvent sur les lieux de son enfance, séduisant le public du Salon avec Les Foins (1877, musée d'Orsay), Saison d'octobre (1878, Melbourne, National Gallery of Victoria), jusqu'au Père Jacques (1881, Milwaukee Art Center) et à L'Amour au village (1882, Moscou, musée Pouchkine).
Le succès venu, l'artiste voyage, notamment en Angleterre, en Suisse et en Italie, d'où il rapporte des paysages mais aussi des peintures à mi-chemin entre portraits et scènes de genre, dans lesquelles il croque la vie rurale et citadine des enfants et des adolescents, héros de son Petit colporteur endormi (1882, Tournai, musée des Beaux-Arts) ou de son Petit cireur de bottes à Londres (1882, Paris, musée des Arts décoratifs).
Jules Bastien-Lepage n'a malheureusement pas pu donner toute la mesure de son talent, il meurt prématurément à 36 ans, le 10 décembre 1884, dans son atelier de la rue Legendre à Paris.
Et pourtant, il laisse une œuvre originale et innovante. Ses toiles figurent dans les plus grands musées du monde : Paris, Londres, New York, Moscou, Melbourne, Philadelphie, etc...
Au lendemain de son décès, les journaux du monde entier signalent la mort prématurée du peintre et son inhumation dans le cimetière familial de Damvillers, dans la Meuse. En quelques dix années d'activité, ce fils de modestes agriculteurs a conquis une place éminente sur la scène artistique française et internationale, même si elle fut parfois contestée.
Nombre de découvertes concernant la biographie de l'artiste, l'historique et l'intention exprimée par ses oeuvres, permettent désormais d'abandonner la vision romantique offerte au public par sa famille et par ses amis après sa disparition précoce, pour dresser le constat de son incessante lutte sociale et de son combat esthétique engagé.
Catalogue d'exposition, Musée d'Orsay
Les scènes nocturnes sont rares dans l’œuvre de Bastien-Lepage et se situent dans la fin de sa courte existence. En témoigne, au Musée des Beaux-Arts de Nancy, son "Lever de Lune à Alger" qui a été donné en 1938 par son frère Emile comme étant la dernière toile de l’artiste. Dans le même registre, nous pouvons également mentionner "La Chaine" ou "Incendie au village" (Musée des Beaux-arts de Tournai) datée de 1881-1882 où se retrouve un ciel très nuageux, presque menaçant, qui domine des paysans réduits à de simples ombres laborieuses. Toujours dans le domaine des nocturnes, le Musée Magnin de Dijon conserve une étonnante "vue de Venise" également datée de 1880-1881.
Malgré l'originalité du clair de Lune, notre oeuvre reste représentative de l'artiste qui aime traduire avec force, l'épopée des campagnes françaises, et dépeint les paysans dans leur simplicité comme dans leur accablement.
Le froid, la nuit, la posture un peu courbée du paysan dû à la fatigue d'une journée de travail en plein air, le rateau sur l'épaule, nous dévoile des conditions de vie et un quotidien difficiles.
La palette de couleurs est froide et sombre à la fois, cependant le peu de lumière de pleine lune malgré un ciel encombré s'accroche aux empattements. En effet, c'est un ciel couvert que la lune arrive à percer, faisant apparaître en contre jour le clocher de l'église dans laquelle elle se reflète délicatement à fleur de peau. Dans un soucis de réalisme parfait, les protagonistes sont représentés par des masses noires dont l'obscurité nous cache les expressions des visages. Nous comprenons cependant que leurs regards se croisent.
La composition et le format presque carré sont audacieux, tout comme l'instant représenté. Mais le pari est gagné, le clair de lune est parfaitement réaliste.
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