Huile sur cuivre |
Hauteur : 16 cm ; largeur : 12,5 cm |
Dans son cadre en laiton ciselé |
Provenance : Collection privée |
Frans II Francken, genoemd de jonge (1581-1642)
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Une vanité est une oeuvre destinée à faire prendre conscience aux hommes que tout est éphémère et que seul compte le salut de l’âme.
Ce genre pictural, très apprécié à l’époque baroque et tout particulièrement en Hollande, rejoint un thème très souvent illustré depuis le Moyen-Age, celui du “Memento mori”, ce qui traduit en français donne “N’oublie pas que tu es mortel”. La désignation de Vanité est à mettre en rapport avec une citation de l’Ecclésiaste: “vanitas vanitatum omnia vanitas” soit “vanité des vanités, tout est vanité”. A travers ces quelques mots l’Eglise veut nous faire prendre conscience qu’il n’est pas nécessaire d’emmagasiner fortunes et richesses, car nous finirons inévitablement tous par mourir, pauvres ou riches, fous ou sages. Mieux vaut donc avoir une vie pieuse, respecter les préceptes de l’Eglise et préparer son âme au jugement dernier.
Ces oeuvres traduisent l’angoisse de l'homme impie, conscient d’une mort individuelle où ses biens ne lui sera d’aucun secours, entraînant inévitablement la perte de toutes ses richesses matérielles.
Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu (Marc 10:25)
Pour illustrer l’inutilité des richesses, l’instabilité des choses, la relativité de la connaissance et la brièveté de la vie, les peintres représentaient certains objets tels que le sablier, symbole du temps qui passe, une bulle de savon, un miroir, une bougie à moitié consumée, une tête de mort, etc.
C’est ainsi que nous retrouvons dans notre peinture plusieurs objets allégoriques tels que :
- un sablier, qui évoque logiquement le temps qui s’écoule
- un crâne, ici sous la forme d’un squelette décharné, qui symbolise en plus de la mort, l’abandon de l’enveloppe charnelle et le dépouillement des biens de ce monde
- un violon représentant la musique qui peut-être considérée comme un plaisir vain et profane qui suscite les passions inutiles
- la réunion d’objets de luxe, la monnaie, l’argenterie, les livres, les verres et les fioles en cristal, qui sont l’allégorie de la Vanité. Parmi eux, certains fragiles sont posés en porte-à-faux ou en coin ce qui rappelle que la position n’est pas immuable
- des livres intacts et fermés, qui signifient l’espérance d’une sagesse à découvrir. Ils se réfèrent au verbum de l’écriture : fermé, il contient implicitement la sagesses spirituelle, il est « l’instrument et le gage du salut » André Chastel, « Iconotete boufon » in Forme e Vicende, per Giovanni Pozzi (Mediovo e Umanesimo – 72), 1989, p. 191.
- un miroir, qui rappelle le péché d’orgueil, selon une vieille tradition ovidienne que l’on retrouve aussi dans l’Épitre de saint Paul aux corinthiens
À l’avant-plan, la Mort joue un air de violon à un vieillard entouré de ses richesses. Elle semble vouloir lui faire exécuter une danse, ce qui est probablement à mettre en rapport avec les danses macabres du Moyen-Age, nées d’une prise de conscience et d’une réflexion sur la vie et la mort dans une période de guerres, de famines et de peste. Dans ces danses macabres, la Mort, qui invite un ou plusieurs hommes à danser, est souvent figurée avec un instrument de musique, un peu comme si elle voulait charmer ses victimes pour mieux les emmener avec elle. Tout comme la Vanité, les danses macabres ont pour but de rappeler aux hommes que la vie est éphémère et que tous finiront par mourir.
Alors que la Mort l'invite à sa dernière danse, le vieil homme riche lui fait comprendre qu'il ne peut pas se lever en lui montrant sa jambe certainement malade de la goutte, et qu'il a une dernière affaire à régler, en étalant des documents et des pièces d'or sur la table, tentant ainsi de repousser le moment où il devra abandonner ses biens pour mourir.
Au second plan, un jeune homme est approché par la Mort tenant un billet, lui signifiant à lui aussi que son heure est venue. Un troisième message nous est donc adressé à travers ce tableau: la Mort présente ses comptes à qui elle veut et quand elle le veut. Mais il se pourrait aussi que le jeune homme et le vieillard ne soit qu’une seule et même personne. Ainsi la scène du fond nous montrerait le passé, où l’homme, au début de sa vie, passe un pacte avec la Mort : qu’il puisse encore vivre et s’enrichir et qu’elle vienne le chercher plus tard. Au premier plan, la Mort viendrait alors réclamer son dû tandis que le vieillard rouspète, l’heure exacte n’étant pas encore venue, ce qui lui laisserait le temps de terminer quelques négoces.
Notre oeuvre "La Mort Joue du Violon" a été exécutée par Frans II Francken à plusieurs reprise. Ainsi, des tableaux très proches du nôtre sont conservés dans les musées suivants :
- Collection d'art de l'université de Göttingen
- Musée de la Banque National de Belgique
- Musée Historique de Francfort
- Musée de Freising
Frans II Francken, dit "Le Jeune", est peintre et graveur de l'école flammande, né à Anvers le 6 mai 1581, et mort dans la même ville le 6 mai 1642.
Il appartient à la troisième génération de l'arbre généalogique des Francken. Il fut d'abord l'élève de son père et eut le loisir d'acquérir auprès de celui-ci, qui jouissait alors de sa pleine renommée, tous les enseignements de la tradition de Frans Floris. Mais heureusement pour lui, il put visiter assez longtemps l'Italie, au cours de sa première jeunesse et, en particulier, étudier sur place les maîtres de l'école vénitienne. Cette prise de contact directe lui valut de pouvoir se dégager des méthodes déjà vieillies de l'italianisme flamand, tel que le pratiquaient son père et ses oncles. Le jeune artiste s'est-il rencontré avec Rubens, qui séjourna en Italie à la même époque ?
En 1605, soit dans sa vingt-quatrième année, Frans-Francken, de retour à Anvers, était admis comme maître dans la Guilde de Saint-Luc.
En 1607, il épousa Elisabeth Placquet ; de ce mariage naquirent trois fils et cinq filles. Ses enfants constituent le quatrième échelon de la dynastie : on en connaît surtout Frans III et Hieronymus III ; ce dernier eut pour fils Constantinus, par lequel se termine l'arbre généalogique ; la famille des peintres Francken occupant ainsi à peu près l'espace de deux siècles, entre 1520 et 1717.
Devenu l'un des maîtres les pus actif d'Anvers, Frans II fut nommé doyen de la Guilde en 1614. Il était également membre de la violette, association littéraire importante, pour laquelle il peignit un blason symbolique qui fut primé. Homme fort répandu, il était en relations familières avec les artistes les plus en renom, notamment avec Van Dyck, qui fit de lui un portrait apparemment fort beau, à en juger d'après la gravure de Guillaume Hondius et Pierre de Jode. Il est vraisemblable qu'il connut plus ou moins intimement Rubens, qui fut à peu de chose près son contemporain.
Il mourut à Anvers, le 6 mai 1642, âgé de 61 ans, et ne survécu guère par conséquent, ni à Rubens ni à Van Dyck.
La première oeuvre de Frans II, de date certaine, est "Le Christ en Croix", de la galerie de Vienne, peint en 1606. "Le Sabbat des Sorcières" (Vienne) et "Les Oeuvres de Miséricordes" (Anvers), sont respectivement de 1607 et de 1608. Dans ces deux dernières oeuvres, le peintre s'annonçait comme un figuriste habile et un compositeur élégant de scènes allégoriques.
Frans Le Jeune ne peut-être comparé aux maîtres de cette grande première génération anversoise, qu'a illuminée et entrainée le puissant génie de Rubens ; il n'en possède pas moins un mérite réel. Dans un cadre plus modeste, il a su réaliser et mettre, en quelque sorte, à la mode, un genre anecdotique, sur le succès duquel ont d'ailleurs vécu pendant plus d'un siècle encore, les derniers représentant de la famille Francken. Frans II fut certaienement le dessinateur le plus remarquable de celle-ci ; on a pu reprocher à son art de ne s'être élevé ni à la grandeur ni même à la gravité : il n'en est pas moins déployé un vrai talent d'exécution.
Sa brosse est agile, sa fantaisie prudente mais ingénieuse ; son goût naturel pour la couleur, secondé par les leçons qu'il a su tirer de l'étude et de la compréhension de ses grands contemporains, lui a permis d'exécuter des paysages et, aussi bien, des figures aux chairs grasses et lumineuses, qui ne le rendent certes pas indigne de la brillante époque qui fut la sienne. Le détail, l'accessoire même le préoccupent sans doute ; mais il sait les traiter avec intelligence, voir avec esprit. "La parabole de l'Enfant Progique", "La Visite d'un Prince dans le Trésor d'un Eglise" (tout deux au Louvre) sont très démonstratifs à cet égard. Les scènes, peintes en grisaille, qui entourent le motif principal de "L'Enfant Prodigue", sont surtout caractèristiques de sa manière. Il excellait à peindre les orfèvreries, les ornements, les costumes chatoyants.
Un grand nombre de ses figurine peuplent les fonds neutres d'intérieurs d'appartements, de galeries, ect. : il a exécuté des travaux de ce genre, non seulement pour son propre compte, mais pour d'autres artistes, tels que Peter Neefs, Van Bassen, Josse de Momper, Breughel. Ses tableaux subsistent d'ailleurs en assez grand nombre, repartis entre divers musées : Aix, Amiens, Amsterdam, Anvers, Arras, Augsbourg, Bamberg, Besançon, Bordeaux, Bruxelles, Budapest, Caen, Cassel, Cherbourg, Cologne, Compiègne, Dresde, Dunkerque, Florence, Francfort Hambourg, Hanovre, La Haye, Saint-Pétersbourg, Lille, Mayence, Munich, Nancy, Nantes, Nice, Oldenbourg, Orleans, Oslo, Paris (Louvre, Marmottan), Rennes, Rome, Schleissheim, Stockholm, Stuttgart, Tours, Vienne ...
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